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ture / Un livre, Léonard Makosso-Akendengué

Boîtes noires et animaux de couleur

Des jours bien tristes que le royaume d’Orembo est en train de vivre. Au retour de Paris, la reine
est morte, ministres et médecins aussi, atomisés en plein vol. Il fallait bien un coupable…

des légendes et des animaux quand il revient au présent.
au générique. De l’araignée, Que ce royaume ait des
de la poule, de la panthère, de parentés, africaines ou autres,
l’hirondelle et du caméléon était-il besoin de le rappeler ?
bien sûr, dont on peut tout Peu importe la géographie,
dire, puisqu’il s’y prête à les royaumes se ressemblent,
merveille. De l’avoir vu si les reines et les rois aussi, et
bien danser, charmeur et le sang final garde la même
paisible, dans les mots et dans couleur. Cette fois, il sera
les salons, harmonieux… On d’une grande abondance.
ne peut qu’en être jaloux. Il
fallait à cette royale catastrophe Parfois, un récit en cache un
un responsable, une patte, autre. Comme s’il portait en
une tête. Dressons l’échafaud ! lui un double, une vérité en
Affûtons les machettes. Le creux. L’attrait de ce premier
cocasse a cédé la place à l’ab- roman est pour partie dans
surde, Jean de Dieu Caméléon, cette proximité. Il invite à
ancien ministre, n’y comprend tendre une oreille de sagesse.
rien. Il fallait un procès, De revenir aux légendes eshira,
l’Histoire en raffole… Les nzébi, aux histoires de Raponda
témoins voudraient-ils y apporter Walker et d’Amadou Hampâté
un peu de sagesse, personne Bâ. De la corruption, du men-
songe, de la facilité ne te
Dressons l’échafaud ! soucie pas. Observe et souris.
Affûtons les machettes. Le Caméléon est mort, vive
Le cocasse a cédé la le Caméléon. ■
place à l’absurde

Pascal Ouzangué énumérations, la cour babille. ne les écoute. L’époque en a « Mon frère et ami le
Premier ministre et chambellan, décidé autrement. caméléon »
Tout avait si bien com- gouvernante, épagneul, médecin L'Harmattan, « les Im-
mencé. Il en est souvent personnel et professeur d’équi- Habiles courtisans, traitres pliqués » . 160 p, 17 euros.
ainsi des contes, volon- tation, à 10 000 m d’altitude, par convenance et profit
tiers cocasses, petits pas de par-dessus le grand désert… Vous avez deviné la fin ? Sûrs 45
danse, ciel immaculé. Ce jour- Ne vous endormez pas, gardez de vous ? Attendez-vous à
là, la reine était d’humeur les yeux ouverts, la désintégration quelque surprise. Toujours
charmante. Dans l’épaisseur est proche. Léonard Makosso est-il que Léonard Makosso-
climatisée de son Boeing pré- Akendengué vient à peine de Akendengué s’est souvenu
sidentiel, elle avait gagné planter le décor. Au km 28 de de l’essentiel, des légendes
toutes ses parties de ludo. La son histoire, la belle histoire qui disaient le vrai et des
montagne lui avait fait grand bascule dans le chaos. hommes-animaux qui tissaient
bien. Et son clown personnel, le faux. A la convenance du
son griot fantasque, la divertissait Et si l’on en revenait à la moment, habiles courtisans,
à merveille. Les contes sont sagesse première ? Léonard traitres par convenance et
ainsi faits. Tout autour d’elle, Makosso-Akendengué a une profit. Peut-être regrettera-t-
dans la plus glorieuse des connaissance millimétrique on que le récit perde en folie
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