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risme / Ambowè
La forêt
dans la mer
Ce n'est plus tout à fait la ville. Aucune route ne va au-delà, mais la forêt pourtant continue,
traversée par les chemins d'eau. On oublie la voiture, on prend la pirogue. C'est au débarcadère
d'Ambowé. Et déjà vous oubliez la capitale.
Roger Ango-Calmé Contre le talus, les femmes nord, la pointe Akanda et la Au débarcadère, c'est le point
rangent la marchandise : noix baie de Corisco. Il y a vingt ans final, le dernier maquis, bâti
L ’heure a son impor- de palme, paquets d’atangas, de ça, seules quelques familles pour partie sur l'eau.
tance quand on vient poisson salé... Certaines cultivent fangs vivaient sur ces rives de la
à Ambowé. Selon le ici, juste à l'arrière des maisons, NtsinietdelaMoka.Minuscules Au-travers des arbres et de la
moment de la journée, le mou- ou un peu plus loin, dans ce villages, petits campements de semi-pénombre...
vement n’est jamais le même. grand labyrinthe d’eau. L'heure pêchequivoisinaientlesplantations L'histoire en est singulière. Jean-
C’est un peu comme la marée. est au départ. Demain sans et les terrains de chasse. Il arrive Charles, vieil habitué du lieu, a
Elle donne le tempo. Ce matin, doute, les pêcheurs reviendront, que Désirey Minkho regrette été parmi les premiers à acheter
tout est paisible. Juste les et les terrasses se rempliront. ce temps. Photographe, il a du terrain, au début des années
pêcheursquichargentlespirogues En attendant, on rafistole les toujours voulu habiter ces 90. Il se souvient l'époque où la
et les femmes qui mettent le filets, on boit une petite bière territoires, moitié terre, moitié route ne parvenait pas jusqu’ici.
poissondanslesbassines.Écailles matinale, on grignote le poisson mer.A la fin des années 90, son A peine un mauvais chemin,
d'argent sur le fer blanc. A et le manioc. intention était de s'y installer. tout cabossé, et aucune maison
l'angle du débarcadère, un vieil « Mais personne n’arrivait en dur. Juste quelques accès
homme vend le kaï-kaï, l'eau de Dimanche matin. Navigation jusque là. Le fin fond de la aux plantations qui partaient
feu mélangée aux plantes et paisible sous les palétuviers, il brousse ». C'est au moment de dans la brousse. « En fait, ce
aux racines. Les marins calabars faut une petite heure de pirogue la CAN 2012, qu'il a pu poser n’était pas un endroit très
s'en versent quelques rasades, pour rejoindre la baie de la son sac (et ses appareils), en apprécié. L’un des premiers
avant de partir dans la mangrove. Mondah, et un peu plus au rachetant leVert-Jaune-Bleu. cimetières de Libreville avait
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La forêt
dans la mer
Ce n'est plus tout à fait la ville. Aucune route ne va au-delà, mais la forêt pourtant continue,
traversée par les chemins d'eau. On oublie la voiture, on prend la pirogue. C'est au débarcadère
d'Ambowé. Et déjà vous oubliez la capitale.
Roger Ango-Calmé Contre le talus, les femmes nord, la pointe Akanda et la Au débarcadère, c'est le point
rangent la marchandise : noix baie de Corisco. Il y a vingt ans final, le dernier maquis, bâti
L ’heure a son impor- de palme, paquets d’atangas, de ça, seules quelques familles pour partie sur l'eau.
tance quand on vient poisson salé... Certaines cultivent fangs vivaient sur ces rives de la
à Ambowé. Selon le ici, juste à l'arrière des maisons, NtsinietdelaMoka.Minuscules Au-travers des arbres et de la
moment de la journée, le mou- ou un peu plus loin, dans ce villages, petits campements de semi-pénombre...
vement n’est jamais le même. grand labyrinthe d’eau. L'heure pêchequivoisinaientlesplantations L'histoire en est singulière. Jean-
C’est un peu comme la marée. est au départ. Demain sans et les terrains de chasse. Il arrive Charles, vieil habitué du lieu, a
Elle donne le tempo. Ce matin, doute, les pêcheurs reviendront, que Désirey Minkho regrette été parmi les premiers à acheter
tout est paisible. Juste les et les terrasses se rempliront. ce temps. Photographe, il a du terrain, au début des années
pêcheursquichargentlespirogues En attendant, on rafistole les toujours voulu habiter ces 90. Il se souvient l'époque où la
et les femmes qui mettent le filets, on boit une petite bière territoires, moitié terre, moitié route ne parvenait pas jusqu’ici.
poissondanslesbassines.Écailles matinale, on grignote le poisson mer.A la fin des années 90, son A peine un mauvais chemin,
d'argent sur le fer blanc. A et le manioc. intention était de s'y installer. tout cabossé, et aucune maison
l'angle du débarcadère, un vieil « Mais personne n’arrivait en dur. Juste quelques accès
homme vend le kaï-kaï, l'eau de Dimanche matin. Navigation jusque là. Le fin fond de la aux plantations qui partaient
feu mélangée aux plantes et paisible sous les palétuviers, il brousse ». C'est au moment de dans la brousse. « En fait, ce
aux racines. Les marins calabars faut une petite heure de pirogue la CAN 2012, qu'il a pu poser n’était pas un endroit très
s'en versent quelques rasades, pour rejoindre la baie de la son sac (et ses appareils), en apprécié. L’un des premiers
avant de partir dans la mangrove. Mondah, et un peu plus au rachetant leVert-Jaune-Bleu. cimetières de Libreville avait
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