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ture / Philippe Mory
Dernière rencontre
C'était un samedi après-midi. Mon ami et photo en vue de quelques et d'amitié. Cette envie de
cadreur, Jean-Félix Ayenouet, était venu me repérages… Nous prenons revenir au plus vite de faire
chercher pour aller rendre visite à Philippe un taxi pour Nzeng Ayong, une longue interview de
Mory. Un coup de fil pour l'informer de notre 6ème arrondissement. Le lui. « Pas de soucis, mon
venue et une fois de plus le bonheur de la ren- taxi nous dépose non loin bébé, si c’est toi je dis oui. »
contre. Pouvais-je me douter ? de la pharmacie de garde.
« Tonton Fifi » connaît « Pourquoi la mort ne vient
Pauline Mvélé bien le coin. Un de ses pas me chercher ? »
maquis préférés jouxte l’of- J'aimais beaucoup « Tonton
P our fêter ces retrou- secs, du fromage, du pain ficine. Et son domicile est Fifi ». Et il m'était toujours
vailles, nous avons complet. Et pour mettre une tout près, en plein cœur difficile de le quitter. Nos
fait un petit détour belle note de couleur, une du « mapane » qu'il n'a discussions sur le cinéma
chez le commerçant. Une chemise fleurie, bleu ciel, jamais voulu quitter. étaient tellement passion-
bouteille de Bordeaux, son dans un beau pagne africain. nées ! Il était parfois déçu
vin préféré, des saucissons J'ai amené mon appareil La demeure est modeste. Et des productions gabonaises
à son image, le réalisateur actuelles... et de la vie aussi.
est assis dans sa chaise en A plusieurs occasions, je
rotin, tee-shirt, le tabac à l’ai vu sursauter quand il
portée de main et la bière ouvrait la page nécrologique
de même. Dès notre entrée, de L’Union. Je me souviens
son visage s'illumine. Il est en particulier de ce jour où
heureux de notre visite. il a croisé des visages qu’il
Dans son français impeccable, connaissait. Il s’est exclamé :
venu du temps d'avant, il « Je fais quoi encore ici ?
me prend dans ses bras et Pourquoi la mort ne vient
m'embrasse. « Mon bébé pas me chercher ? » Et moi
est là ». Depuis tant d'années, de lui répondre : « Nous
je suis restée son « bébé ». avons encore besoin de toi ».
J'ai choisi, en toute modestie, A cette réponse, il se met
le même métier. Et ce grand en colère. L'amertume était
monsieur m'a accompagnée, là.
a suivi mes premiers pas.
« Bébé » je suis restée. La demeure est
modeste. Et à son
A la remise des cadeaux, la image, le réalisateur
bonne humeur monte d'un est assis dans sa
cran. La chemise l'enchante. chaise en rotin, tee-
Il enlève le tee-shirt et revêt shirt, le tabac à portée
son pagne bleu. Il rit. De de main et la bière
ce rire qui résonne et qui se de même.
communique. Jean-Félix en
profite pour tirer quelques Le jour commence à décliner.
images. Il rit à gorge Il est temps de dire « au
déployée. Nous aussi. Puis revoir » à note hôte. Il se lève,
je lui montre différents arti- nous serre les mains. « A très
cles et images, publiés sur bientôt mes enfants ! ». Nous
Internet. Il s'en étonne, lui n'aurions jamais imaginé
qui ignore tout du monde que cet « au revoir était un
virtuel. La conversation adieu. I
s'engage, l'après-midi est
un vrai bonheur, d'intelligence 43
Dernière rencontre
C'était un samedi après-midi. Mon ami et photo en vue de quelques et d'amitié. Cette envie de
cadreur, Jean-Félix Ayenouet, était venu me repérages… Nous prenons revenir au plus vite de faire
chercher pour aller rendre visite à Philippe un taxi pour Nzeng Ayong, une longue interview de
Mory. Un coup de fil pour l'informer de notre 6ème arrondissement. Le lui. « Pas de soucis, mon
venue et une fois de plus le bonheur de la ren- taxi nous dépose non loin bébé, si c’est toi je dis oui. »
contre. Pouvais-je me douter ? de la pharmacie de garde.
« Tonton Fifi » connaît « Pourquoi la mort ne vient
Pauline Mvélé bien le coin. Un de ses pas me chercher ? »
maquis préférés jouxte l’of- J'aimais beaucoup « Tonton
P our fêter ces retrou- secs, du fromage, du pain ficine. Et son domicile est Fifi ». Et il m'était toujours
vailles, nous avons complet. Et pour mettre une tout près, en plein cœur difficile de le quitter. Nos
fait un petit détour belle note de couleur, une du « mapane » qu'il n'a discussions sur le cinéma
chez le commerçant. Une chemise fleurie, bleu ciel, jamais voulu quitter. étaient tellement passion-
bouteille de Bordeaux, son dans un beau pagne africain. nées ! Il était parfois déçu
vin préféré, des saucissons J'ai amené mon appareil La demeure est modeste. Et des productions gabonaises
à son image, le réalisateur actuelles... et de la vie aussi.
est assis dans sa chaise en A plusieurs occasions, je
rotin, tee-shirt, le tabac à l’ai vu sursauter quand il
portée de main et la bière ouvrait la page nécrologique
de même. Dès notre entrée, de L’Union. Je me souviens
son visage s'illumine. Il est en particulier de ce jour où
heureux de notre visite. il a croisé des visages qu’il
Dans son français impeccable, connaissait. Il s’est exclamé :
venu du temps d'avant, il « Je fais quoi encore ici ?
me prend dans ses bras et Pourquoi la mort ne vient
m'embrasse. « Mon bébé pas me chercher ? » Et moi
est là ». Depuis tant d'années, de lui répondre : « Nous
je suis restée son « bébé ». avons encore besoin de toi ».
J'ai choisi, en toute modestie, A cette réponse, il se met
le même métier. Et ce grand en colère. L'amertume était
monsieur m'a accompagnée, là.
a suivi mes premiers pas.
« Bébé » je suis restée. La demeure est
modeste. Et à son
A la remise des cadeaux, la image, le réalisateur
bonne humeur monte d'un est assis dans sa
cran. La chemise l'enchante. chaise en rotin, tee-
Il enlève le tee-shirt et revêt shirt, le tabac à portée
son pagne bleu. Il rit. De de main et la bière
ce rire qui résonne et qui se de même.
communique. Jean-Félix en
profite pour tirer quelques Le jour commence à décliner.
images. Il rit à gorge Il est temps de dire « au
déployée. Nous aussi. Puis revoir » à note hôte. Il se lève,
je lui montre différents arti- nous serre les mains. « A très
cles et images, publiés sur bientôt mes enfants ! ». Nous
Internet. Il s'en étonne, lui n'aurions jamais imaginé
qui ignore tout du monde que cet « au revoir était un
virtuel. La conversation adieu. I
s'engage, l'après-midi est
un vrai bonheur, d'intelligence 43
