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gens de chez nous / Jean-Pierre Malekou

Belles
plumes

La volaille, ça se fait dans les
règles ! Ça doit respirer et
manger bon. Jean-Pierre
Malekou élève les siennes « à
l'ancienne ». Comme au
village, comme nos parents,
le goût du travail bien tourné.

Roger Ango-Calmé l'imagine. Pour commencer, il y mettra Huit cents pondeuses sous
quelques moutons. La fibre paysanne le hangar, quelques lapins
T out commence au petit matin, et déjà, cette envie de vivre la terre. Les pour voisins, et demain sans
se termine, nuit tombée, quand volailles viendront plus tard. Chez les doute des pintades aussi,
les poules s'en vont dormir. Rien Malekou, on fait les choses dans l'ordre. qui grandiront à leur aise.
de plus normal, Jean-Pierre Malekou
élève la volaille. Sa ferme est là, 400 « Si vous avez le petit cœur, ce n'est et mes œufs à des commerçants maliens ».
mètres à peine de la Nationale, au bout pas la peine » Quelques restaurateurs font aussi appel
d'un chemin de terre. Une exploitation « J'avais croisé un Gabonais qui faisait à ses produits. La véritable reconnaissance
à l'image de l'homme. Modeste dans l'élevage, et ça m'avait plu. Je me suis sans doute... et des perspectives pour
ses proportions, mais l'esprit bien en renseigné auprès de la Smag, j'ai demain. Un produit comme l'industrie
place. Huit cents pondeuses sous le étudié, un peu rafistolé le poulailler, et ne vous en fera jamais. Élevé au bon
hangar, quelques lapins pour voisins, il y a 4 ans, j'ai amené mes 500 air de l'Estuaire, avec ce qu'il faut
et demain sans doute des pintades premières pondeuses  ». Cette vie lui d'espace. La vraie saveur ne se maquille
aussi, qui grandiront à leur aise. Parce allait à merveille. On ne compte pas pas.
que c'est ainsi que la volaille se fait. ses heures, et c'est tant mieux, l'homme
Bon grain et grand air. A l'époque où n'est pas fait pour l'ennui. A l'ombre du A l'autre bout du banc, Chancia, la plus
il a acheté le terrain, dans les années manguier, Pascal, son fils, part donner jeune, sourit. Elle fait son droit, à
90, Okolassi était encore un coin de à boire aux bêtes. « Pour les œufs, c'est Libreville, seconde année de fac, et ne
brousse. A cette époque, Jean-Pierre indispensable ». Une attention de tous reprendra pas la ferme. Mais elle veut
travaillait à la SEEG, traitement des les instants. «  Si vous avez le «  petit que cela continue, en plus grand peut-
eaux. « C'est au retour de Tchibanga, cœur », c'est pas la peine ». Trop d'in- être. Elle le dit à ses camarades de fac :
suite à une affectation, que j'ai décidé certitudes, de possibles problèmes sani- « La vraie vie est ici ». I
de m'établir ici, plutôt qu'à Libreville. taires, des caprices de la nature. Mais à
Les enfants étaient là. Il a fallu 58 ans, Jean-Pierre a gardé les reins Ferme Yekou, Okolassi.
construire la maison en quelques solides... et une clientèle qui l'apprécie. Tél. : 07 36 02 97
semaines  » . Logement à la dure, on « Je vends mes volailles à Mont Bouët,

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